Les rapports se suivent et se ressemblent. Après la Cour des comptes, c'est un rapport du Sénat qui pointe les insuffisances dans la lutte contre la prolifération des algues vertes depuis 20 ans. Il préconise notamment un budget renforcé et plus d'incitations pour changer les pratiques agricoles.
La petite histoire retiendra d’abord que c’est un sénateur du Cantal, région bien éloignée de nos côtes, qui a été chargé d’évaluer l’efficacité de la politique de lutte contre la prolifération des algues vertes.
Le constat de Bernard Delcros, par ailleurs vice-président de la commission des finances du Sénat, est sans appel : "les avancées obtenues au terme de vingt ans de lutte contre les marées vertes sont réelles, mais demeurent largement insuffisantes" affirme le parlementaire.
Ce dernier souligne que les taux de nitrates dans les eaux bretonnes responsables de la prolifération des algues restent encore nettement supérieurs aux objectifs. Et ce, même si les plans de lutte financent essentiellement des actions préventives. Le centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA) a établi que 95 % des nitrates dans l’eau des bassins-versants bretons sont d’origine agricole.
En #ComFinSenat pour présenter mon rapport sur les algues vertes en #Bretagne et mes 23 propositions pour lutter contre leur prolifération & ouvrir une perspective de plages bretonnes sans marées vertes ! #environnement #santepublique @michelcanevet @jf_husson @Senat @UC_Senat pic.twitter.com/6Mbmy8AJwX
— Bernard DELCROS (@BernardDelcros) May 26, 2021
Les limites du volontariat
Il faut savoir qu’hormis l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, la Région et les collectivités, l’Etat intervient à hauteur de 7 millions d’euros chaque année notamment dans le cadre du plan de lutte contre les algues vertes (PLAV) 2017-2021.
Le sénateur centriste estime que "ce plan doit être amélioré et renforcé, car les financements ne sont pas assez ciblés sur les incitations au développement de pratiques agricoles vertueuses." Un plan "troisième génération" est donc préconisé.
D’abord pour inciter d’avantage les filières agricoles et agro-alimentaires à des pratiques vertueuses de gestion des effluents. Cela passe par de nouveaux critères d’attribution des aides à l’installation des jeunes agriculteurs et une réglementation adaptée aux baies algues vertes. Ce qui permettrait d’accompagner les agriculteurs non-volontaires à modifier leurs pratiques.
Plus de contrôle, plus de clarté
Le rapport parlementaire cible aussi la responsabilité de l’Etat à qui il est demandé de renforcer les moyens des services de contrôle, qui se sont érodés ces dernières années, et de mettre en place de nouveaux outils d’évaluation et de suivi.
A cela, s’ajoute une nécessaire clarification des responsabilités des différents financeurs.
"Le suivi financier du Plan de lutte algues vertes serait peu lisible du fait de la pluralité des acteurs" explique le sénateur Bernard Delcros.
Au total, ce sont 23 propositions qui sont formulées dans ce rapport parlementaire. Nul doute qu’elles seront attentivement étudiées par les candidats engagés pour les élections régionales.
Le dossier des algues vertes est devenu aujourd’hui incontournable.